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Chief Learning Officer : définition, rôle et évolution d'un métier stratégique
Dans l’environnement actuel, la formation continue devient un levier de plus en plus stratégique pour les entreprises. Aux manettes ? Le Chief Learning Officer (CLO), un poste dont la terminologie est encore méconnue en France, mais qui est pourtant déterminant dans la construction et la mise en œuvre des stratégies de formation des grandes organisations. Le Chief Learning Officer joue en effet un rôle essentiel dans leur transformation en accompagnant l'évolution des compétences et en contribuant directement à la performance de l'entreprise.
Le Chief Learning Officer, stratège de la formation en entreprise
Découvrez en plus sur cette fonction avec Frédéric Hebert, Chief Learning Officer chez Rise Up. Avec plus de 15 ans d’expertise en transformation digitale des RH au sein de Fortune 500, Frédéric a occupé des postes stratégiques chez Renault Group et Alstom. En tant que Head of Digital Learning chez Danone, il a mené des initiatives mondiales qui ont permis à l’entreprise de se développer sur les marchés émergents et d’introduire de nouveaux produits. Grâce à son expérience et sa connaissance du secteur, Frédéric accompagne aujourd’hui les professionnels de la formation dans la résolution des défis actuels, tels que l’accélération du changement, les besoins intergénérationnels des collaborateurs et le déficit croissant en compétences.
Quelle est la mission principale d'un Chief Learning Officer ?
Frédéric Hebert - " Le CLO a une double casquette : stratégique et opérationnelle. Il définit la vision de la formation au sein de l'entreprise et met en place et pilote les dispositifs nécessaires pour développer les compétences des collaborateurs. Son rôle ne se limite pas à organiser des formations, il doit anticiper les besoins en compétences et s'assurer que l'apprentissage est aligné avec les objectifs business. Enfin, la mission ultime du CLO est de faire de la formation l’un des pierres angulaires de la performance de l’entreprise. Pour cela, il doit convaincre en interne et démontrer que la formation n’est pas un centre de coût, mais plutôt un levier de performance. "
Quelles sont les compétences essentielles pour ce poste ?
Frédéric Hebert - " Un bon CLO doit avoir une vision stratégique claire, être capable d'anticiper les évolutions du marché du travail et des compétences. Il doit aussi savoir convaincre et obtenir des budgets, car la formation est souvent sous-financée. Enfin, au-delà des compétences évidentes en ressources humaines, le CLO doit avoir des compétences en digital et en gestion du changement sont indispensables."

Quels sont les principaux défis du Chief Learning Officer aujourd'hui ?
Frédéric Hebert - " Le premier défi, c'est la vitesse. Les compétences évoluent très vite, certaines ont une durée de vie de trois ans maximum. Il faut donc anticiper les tendances, proposer des formats de formation adaptés et s'appuyer sur le digital. L'autre défi, c'est la reconnaissance du rôle de la formation au sein de l'entreprise. Beaucoup considèrent encore cela comme une obligation plutôt qu'un levier de compétitivité. Or, si l'on veut obtenir des budgets, il faut être capable de démontrer le retour sur investissement de la formation. Ce défi est donc intrinsèquement lié au troisième défi majeur qui est celui de l’excellence opérationnelle. Le CLO est en effet un stratège de la formation, mais la dimension opérationnelle du rôle ne doit pas être sous-estimée."
Comment la fonction s'intègre-t-elle dans l'organigramme de l'entreprise ?
Frédéric Hebert - " Tout dépend des structures. Dans les grandes entreprises, le CLO est souvent rattaché à la DRH ou au département Talent, mais il peut aussi faire partie de la direction stratégique. L'essentiel est qu'il soit visible et reconnu comme un acteur clé du développement des talents. "
Quel est le parcours type pour devenir CLO ?
Frédéric Hebert - " Il y a deux voies principales. La première, verticale, consiste à évoluer au sein des équipes de formation, en passant par des postes de responsable learning & development. La seconde, horizontale, concerne des professionnels issus du talent management ou de la transformation digitale qui prennent des responsabilités en formation. Dans tous les cas, le CLO doit avoir des compétences en ressources humaines."
Comment la fonction évolue-t-elle ?
Frédéric Hebert - " La fonction évolue en intégrant de plus en plus les innovations technologiques, mais sans renier les fondamentaux de la formation classique. Avec la digitalisation, les modalités d’apprentissage se diversifient : learning in the flow of work, mobile learning, intelligence artificielle pour l’adaptive learning… Le CLO d’aujourd’hui doit être un chef d’orchestre, capable d’articuler ces avancées pour optimiser l’apprentissage des collaborateurs. Mais la technologie n’est pas une finalité en soi, c’est un catalyseur de performance au service d’une formation efficace et ancrée dans les pratiques éprouvées."