6 Minutes de lecture
Conférence Mathias Vincent : Transformation digitale des organismes de formation
Mathias Vincent, expert en transformation digitale, et Arnaud Blachon, CEO de la plateforme LMS Rise Up, nous livrent les clés d'une bonne digitalisation pour les organismes de formation.
Les écueils à éviter lors de la transition digitale au sein d’un organisme de formation
Penser que l’on sait faire
Un organisme de formation s’estime légitimement spécialiste de la formation en salle. À partir de là, un réflexe courant consiste à ajouter “une couche digitale sur l’existant”, pour reprendre les termes de Mathias Vincent. Concrètement, cela signifie filmer une session présentielle, l’héberger sur le web et la diffuser aux collaborateurs, en considérant que la transition digitale s’arrête là.
Se contenter du rapid learning
Le “rapid learning” suit la même logique. Il s’agit de créer rapidement des cours en ligne en les transposant directement du présentiel, sans tenir compte des spécificités du digital. On se retrouve dès lors avec des documents sous forme de slides essentiellement textuelles. En conséquence, l’apprenant subit de plein fouet le côté froid et déshumanisé d’une formation non pensée pour les supports digitaux.
Mal utiliser les classes virtuelles
Mathias Vincent rappelle que la classe virtuelle est “un outil pédagogique extrêmement intéressant”. Malgré tout, mal utilisée, elle mène souvent à des échecs. L’expert en détaille les causes :
- des pré-requis technologiques non maîtrisés, conduisant à diverses nuisances : débit insuffisant, son de mauvaise qualité, difficultés à filmer un formateur qui, nécessairement, bouge ;
- une pédagogie non adaptée : “une captation en salle fait perdre tous ses repères au formateur” souligne Mathias Vincent. De son côté, l’apprenant se retrouve sans capacités d’interactions, sa motivation plonge et la formation, au final, se révèle inefficace.
En résumé, la transposition du présentiel vers le digital sans réelle adaptation constitue l’écueil majeur pour tout organisme de formation lors de la digitalisation de leur dispositif.
Réussir sa transformation digitale en 7 points clés
1. Segmenter
Segmenter, cela signifie avancer pas à pas dans sa transformation digitale, en travaillant “bloc” par “bloc”. L’idée est de se focaliser sur un élément spécifique et circonscrit. Ainsi, en cas d’échec, ce dernier sera limité.
Digitaliser amène à expérimenter, à tester. Il faut donc accepter qu’il est impossible de tout changer du jour au lendemain. Par exemple, un organisme de formation a la possibilité de confier à Rise Up, au départ, seulement une partie de ses formations et attendre que les parties prenantes maîtrisent parfaitement la plateforme avant de passer à la deuxième étape. Vouloir tout lancer en même temps est un piège dans lequel beaucoup d’organisations tombent. Arnaud Blachon explique ainsi : “La première chose à faire, c’est se demander quels sont les objectifs à atteindre, puis définir un plan et avancer petit à petit.”
2. Ne pas chercher à tout maîtriser
L’équilibre est subtil à trouver car Mathias Vincent conseille, dans le même temps, de ne pas se laisser enfermer dans un schéma trop strict. “Laissons-nous surprendre par ce qui peut arriver, par l’ensemble des autres acteurs qui vont intervenir dans cette transition digitale et qui vont peut-être amener l’attention ou pointer le doigt sur un élément qui nous avait échappé ou dont on n’avait pas connaissance”, détaille-t-il.
3. Rester ancré sur sa force
Bien souvent, l’expertise en matière de formation en présentiel constitue la valeur ajoutée des organismes de formation. L’idée est de capitaliser sur cette force en utilisant le digital. Ce dernier se met ainsi au service de la formation en salle. Voici quelques outils simples et peu coûteux à mettre en place sur un LMS :
- un questionnaire destiné à mieux connaître les apprenants (profil, niveau, attentes), qui sera envoyé directement au formateur avant la session ;
- un questionnaire de satisfaction à l’issue d’une action de formation ;
- la mise à disposition des élèves du support d’animation mais aussi de ressources complémentaires directement sur la plateforme.
Autre avantage du déploiement de ces fonctionnalités : elles permettent d’obtenir l’adhésion des formateurs, qui se rendent compte de toute l’utilité d’une plateforme LMS.
4. Prendre en compte les parties prenantes
Les formateurs forment justement une cible à “choyer” lors de la transition digitale. Acteurs relativement isolés, ils doivent disposer des moyens nécessaires pour que le digital devienne une occasion d’échanges et de partage. Mathias Vincent cite en exemple un atelier d’écriture de modules. Au cours d’une journée, les animateurs conçoivent ensemble une séquence de modules, ce qui renforce les liens entre chacun.
5. Se responsabiliser sur la plateforme
Il est indispensable que les équipes utilisent la plateforme au quotidien et la maîtrisent parfaitement. Une fois cet objectif atteint, il devient possible de concentrer son attention sur des points spécifiques à développer, sur des solutions pour répondre encore mieux aux attentes de l’organisme de formation. Le but est ici de construire avec l’éditeur du LMS une relation allant au-delà du rapport traditionnel entre client et prestataire. Mathias Vincent souligne que “la confiance mutuelle est un point clé” pour une transition digitale réussie.
6. Expérimenter
Il ne faut pas avoir peur de l’échec ! Tirer les leçons des erreurs commises permet d’avancer. Il est donc important d’oser, d’autant qu’une plateforme LMS est suffisamment souple pour qu’un retour en arrière soit faisable “sans casse”. Par exemple, si un organisme de formation décide de laisser une totale liberté aux collaborateurs dans le choix de leurs formations, il aura toutefois les mains libres pour recentrer les parcours par la suite si besoin.
7. Formaliser
Enfin, il est essentiel de cadrer, mettre en forme ce qui est réalisé. Objectif : capitaliser sur ce qui marche et tirer également profit de ce qui a moins bien fonctionné.
En conclusion, Mathias Vincent insiste sur l’importance “d’y aller par taches d’huile”. Il s’agit, comme on l’a dit, de faire une chose à la fois, d’analyser les résultats et d’aller de plus en plus loin en utilisant chacun des acquis. Autrement dit, il convient de ne pas voir grand tout de suite mais accepter de s’appuyer sur des avancées au départ modestes. Ainsi, un organisme de formation peut simplement commencer par lancer un questionnaire de satisfaction. Cela amènera les collaborateurs sur la plateforme et rendra par exemple possible, dans un deuxième temps, la création d’une communauté. Des fonctionnalités seront alors ajoutées pour renforcer les échanges, l’intégration des formateurs dans le dispositif digital sera de plus en plus forte. Puis les autres parties prenantes viendront s’agréger, comme les managers et les référents de formation.
C’est donc un cercle vertueux qui s’enclenche, jusqu’à une digitalisation poussée de tout le plan de formation.