Entreprise apprenante : booster la performance à travers l’apprentissage

“Le rythme auquel les organisations apprennent pourrait devenir la seule source durable d’avantages concurrentiels dans un monde en perpétuel évolution.” Cette affirmation de Peter Senge, professeur au MIT et spécialiste en management, date de 1990 et semble on ne peut plus pertinente à l’heure actuelle. Performance économique, engagement et bien-être des salariés, adaptation au changement : les effets d’un apprentissage continu des collaborateurs au sein de leur organisation sont réels et touchent des aspects majeurs de la vie de l’entreprise. L’entreprise apprenante lie compétences individuelles et compétence collective, réunit l’ensemble des collaborateurs autour d’un objectif commun, dans le but d’améliorer ses résultats. 

Quelles sont les étapes à suivre pour devenir une entreprise apprenante ? Quels sont les challenges à relever pour y parvenir ? Rise Up vous propose un éclairage complet sur l’organisation du travail apprenante.   

Bien comprendre ce que représente une entreprise apprenante

La définition d’entreprise apprenante

Qu’entend-on exactement par entreprise apprenante ? Il s’agit d’une organisation centrée sur l’amélioration continue des capacités d’apprentissage de ses collaborateurs. En résulte une entreprise en constante évolution, capable d’innover et d’anticiper les changements. Nous pourrions faire l’analogie avec un organisme vivant, qui grandit et se modifie sans cesse, à mesure qu’il engrange expériences et connaissances. 

L’entreprise apprenante implique une forme d’organisation du travail spécifique, dans laquelle le rôle de chacun est décloisonné. Les notions de responsabilité collective et d’objectifs partagés constituent des valeurs fortes. Management de proximité, participation des salariés aux processus décisionnels, travail quotidien marqué par une collaboration accrue et un désir d’avancer ensemble : autant d’éléments constitutifs de ce type d’organisation. 

L’entreprise apprenante revêt donc une identité spécifique. Pour le salarié, grandir en son sein est source d’un meilleur épanouissement professionnel.et impacte grandement son évolution professionnelle.

Les caractéristiques clés d’une entreprise apprenante

Une forte culture de l’apprentissage

En parfaite logique avec la définition de l’entreprise apprenante, le marqueur principal de ce type d’organisation est l’imprégnation profonde d’une culture tournée vers l’apprentissage. La montée en compétences continue est encouragée à toutes les strates de l’organisation. Les collaborateurs disposent de moyens concrets pour se former mais aussi expérimenter, tester. L’erreur, la prise de recul et les remises en question deviennent source de progression. Dans le même temps, l’entreprise stimule l’émergence d’idées, d’approches nouvelles et la prise d’initiatives.

Le partage des connaissances

En résulte un partage naturel des connaissances. Les employés travaillent dans un climat propice aux échanges, à l’entraide, où leurs compétences sont valorisées et mises au service du collectif. Chaque salarié est vu comme un talent, à la fois vecteur d'expertise et en capacité d’apprendre de l’autre. 

Un leadership moteur de l’apprentissage 

Managers et leaders portent cette nouvelle vision de l’entreprise, la diffusent et impulsent une dynamique d'apprentissage continue auprès de leurs équipes. S’érigeant en modèles, ils pratiquent l’écoute, la bienveillance et encouragent leurs collaborateurs à monter en compétences.

L’entreprise apprenante, un levier de performance essentiel

Une étude menée par myRHline et Noous montre la prise de conscience des entreprises quant aux bénéfices d’un mode d’organisation tourné vers l’apprentissage. Ainsi, 65% des structures interrogées considèrent la notion d'entreprise apprenante comme un véritable levier stratégique, plus particulièrement pour les domaines suivants :

• le développement des compétences : 67% ;
• la marque employeur : 46% ;
• la rétention des talents : 33%. 

Le développement des compétences conduit à l’amélioration continue de la qualité du travail et, en conséquence, des performances de l’entreprise. Les processus gagnent en efficacité, l’adaptabilité et la réactivité face aux évolutions des métiers s’accroissent. En outre, une philosophie posant l’apprentissage et l’expérimentation au centre de l’activité professionnelle débouche sur une capacité plus grande à innover. En un mot, l’organisation a plus de facilités à rester compétitive et à occuper une position de leader sur son marché.

Autant d’éléments qui vont jouer positivement sur la réputation et l’image de l’entreprise mais aussi sur la fidélisation des collaborateurs. Les attentes des salariés sont entendues et prises en compte. Ces derniers jouissent d’une grande autonomie dans leur travail tout en entretenant des relations étroites avec leurs collègues. Bénéficiant de la confiance de leur manager et soutenus dans leur apprentissage, ils acquièrent des aptitudes ayant un impact direct sur leur bien-être mais aussi sur les résultats de l’entreprise. Développement de l’esprit critique, du sens de l’analyse et de la souplesse mentale, capacité à résoudre des problèmes complexes font partie des soft skills les plus répandues dans une entreprise apprenante. In fine, c’est l’intelligence collective qui s’accroît, au service, là encore, des performances de l’organisation.

Mettre en place une entreprise apprenante : les étapes essentielles

Instaurer une culture d’apprentissage

Nous l’avons vu : instaurer une culture d’apprentissage est une condition indispensable à l’épanouissement de l’entreprise apprenante ; elle est au cœur même de sa définition. Pour cela, il convient :

• de valoriser les compétences des salariés et d’inciter ces derniers à partager leur expertise ; 
• d'octroyer suffisamment de temps et de moyens aux collaborateurs pour se former ;
• de leur laisser le champ libre pour apprendre par eux-mêmes, développer de nouvelles approches, voire prendre des risques ;
• de favoriser le travail collaboratif en créant des opportunités et en impulsant des projets transversaux ;
• de mettre en place des pratiques telles que le peer-coaching (chaque salarié coache l’un de ses collègues) ou le mentorat.

Reste un écueil (classique) à éviter : mettre des frontières à la notion d’apprentissage. Proposer des actions de formation aux employés ne suffit pas à ancrer une culture apprenante. Il s’agit bien d’une règle de conduite globale, d’une philosophie qui doit, d’une part, imprégner le travail au quotidien et, d’autre part, “embarquer” l’ensemble de l'organisation, tous niveaux hiérarchiques confondus. 

Identifier et valoriser les compétences internes

Étape primordiale dans la mise en place d’une entreprise apprenante : acquérir une connaissance précise des compétences présentes en interne. Un sujet fréquemment négligé. Ainsi, l’étude myRHline / Noous indique que seules 39% des entreprises disposent d’une cartographie des compétences et, parmi ces organisations, seules 27% la tiennent à jour.

Sans une vision claire, à chaque instant, des compétences dont disposent les collaborateurs, il est impossible de les valoriser et de les faire fructifier. Or, capitaliser sur les expertises des talents pour faire grandir l’organisation constitue le principe même de l’entreprise apprenante… 

En outre, un référentiel des compétences professionnelles permet d’identifier les capacités et connaissances manquantes pour faire face aux enjeux de l’entreprise à court et moyen termes. Un programme de formation ciblé peut ensuite être déployé et conduit les salariés à acquérir de nouvelles compétences en lien avec les objectifs de l’organisation.  

Intégrer l’apprentissage dans le quotidien du collaborateur

Le modèle 70-20-10, l’une des références dans le champ des sciences de d’apprentissage, pose le principe suivant : en situation professionnelle, 70% des apprentissages sont issus de l’expérience, 20% des échanges et 10% de formations académiques.

Au-delà des chiffres, qui peuvent varier d’un contexte professionnel à l’autre, il faut surtout retenir deux points :

• l’importance de la mixité des méthodes d’apprentissage ;
• la nécessité de placer le collaborateur dans un écosystème tourné vers l'apprentissage.

Autrement dit, les salariés doivent tirer parti de leur activité au quotidien, des contacts avec leurs collègues et, bien sûr, des actions de formation dont ils bénéficient, pour monter en compétences de manière continue.

À ce titre, devenir une entreprise apprenante passe par une série de bonnes pratiques. La première est la mise en place du learning in the flow of work (apprentissage dans le flux de travail) au moyen de modalités pédagogiques spécifiques. Le mobile learning (possibilité de se former en autonomie et en mobilité via un smartphone, y compris hors connexion) et le microlearning (séquences de formation de quelques minutes intervenant au moment exact où le collaborateur en a besoin) font partie des méthodes d’apprentissage à privilégier. Dans l’idéal, il convient d’aller plus loin et d’insérer la formation dans l’espace de travail digital des employés. Une solution telle que Rise Up s’intègre par exemple dans Microsoft Teams et Salesforce. 

Autre bonne pratique : responsabiliser les salariés en les incitant à réfléchir sur le développement de leurs compétences et à s’autoévaluer. Plus largement, la pratique du feedback est essentielle, à tous les niveaux hiérarchiques.

Favoriser l’apprentissage entre pairs

Autre axe de travail incontournable pour faire évoluer son organisation vers l'entreprise apprenante : l’instauration d’un véritable apprentissage entre pairs. Celui-ci peut se concrétiser de multiples manières. Les plateformes LMS les plus performantes intègrent des solutions favorisant le social learning : création de communautés d’apprenants, forums, messagerie, outil de peer-to-peer learning (qui permet aux salariés de concevoir eux-mêmes des contenus de formation), etc. Le travail collaboratif prend également une importance nouvelle, avec le développement de projets et la volonté d’expérimenter ensemble. 

Comment relever les challenges lors de la transition vers l’entreprise apprenante ?

Transformer l’entreprise en entreprise apprenante et faire de ce changement un levier de performance supposent un changement de paradigme, voire une révolution culturelle. Renouveler les mentalités, les réflexes, adopter une nouvelle vision de la vie en entreprise : tout cela demande du temps et de la patience. Plusieurs freins se présentent. Selon l’étude myRHline / Noous, 60% des entreprises n’ont justement pas le temps de mener cette évolution de fond ; 40% citent les moyens financiers comme point bloquant, 35% les pratiques managériales, 35% le manque d’outils digitaux et 25% la résistance des salariés. 

L’idée est d’aborder chaque challenge de manière proactive, en déployant une stratégie adéquate pour les relever. Lever la résistance au changement, tant au niveau du management que des collaborateurs, exige un travail de communication et de sensibilisation. Le point clé reste surtout d’impliquer l’ensemble des talents dans la transition vers l’entreprise apprenante et de créer autour de cette transformation un environnement sécurisant, où les contributions de chacun sont encouragées. Quant au manque de temps, de ressources financières et d’outils, il convient d’identifier précisément les obstacles et de fixer des priorités. Avancer pas à pas, en utilisant les moyens disponibles et en misant sur la créativité et la participation des employés, constitue une bonne approche. Une fois de plus, le volontarisme et l’effort collectif représentent des facteurs clés. 

In fine, la transformation vers l'entreprise apprenante repose sur la convergence entre les objectifs individuels et les objectifs stratégiques de l'organisation. Il faut transmettre aux collaborateurs la vision de l’entreprise, sa raison d’être, et créer un sentiment d’appartenance autour de ses nouvelles valeurs.